serindere, village kurde

Van, Yuksekova… nous arrivons en territoire Kurde

Nous nous approchons de la frontière Turquie/Iran. Sans même le savoir nous voici en territoire kurde. Nous passons une 1ère nuit près du lac de Van, immense lac entouré de montagnes et malheureusement de beaucoup de déchets aussi. En poursuivant notre chemin nous apercevons aussi plusieurs lacs gelés et un énorme fort perché sur une falaise, dans le petit village de Hosap !

Nous continuons ensuite vers Yuksekova. La ville nous semble bien moche, enfumée par le charbon.
Lors d’un bivouac juste à la sortie de la ville, nous rencontrons deux jeunes qui, après quelques minutes de discussion, nous invite dans leur village un peu plus haut dans la montagne, Serindere. Ils nous précisent directement “nous sommes Kurdes. Nous allons préparer la maison et nous revenons vous chercher, vous serez les bienvenus”. Nous profitons des quelques heures d’attente pour finir notre lessive et ranger un peu le camion en perspective de visites 😜

Dans les montagnes, à la découverte de Serindere

Ils tiennent parole et reviennent nous chercher pour nous escorter jusqu’au village où il y a un petit comité d’accueil et d’autres qui se cachent, ils nous expliqueront plus tard que le bruit du camion leur a fait croire que c’était des véhicules militaires en approche. Les nombreux checkpoint sur la route ne sont en fait pas seulement dus à la proximité de la frontière, ils sont (à priori) surtout là pour contrôler la population kurde.

Nous sommes accueillis en invités d’honneur, assis dans le salon, on nous sert un thé et nous voyons défiler tout le village qui vient pour les salutations et échanger quelques mots. Certains restent plus longtemps, les cousins les plus proches mais en fait tous les membres du village sont issus d’une même famille ! Des grands parents qui ont eu 10 enfants et eux-mêmes 10 ou 12, parfois par mariage polygame, c’est sur qu’en quelques générations on a un village ! Les plus jeunes ont des fratries un peu plus petites (seulement 6 😂), peu à peu la polygamie disparaît et les familles rétrécissent. Pour nous c’est l’occasion d’en apprendre plus sur la situation et l’histoire des kurdes car finalement nous savons bien peu de choses.

Nous essayons de comprendre la situation des Kurdes

Avec notre regard d’Européens nous avons bien du mal à comprendre pourquoi “parquer” toute une population dans une région, leur imposer de parler turc (les jeunes parlent de moins en moins le kurde car c’est interdit, sauf au sein du cercle familial), mais ne pas leur donner leur propre territoire ? Quelles richesses sont donc cachées sur ce sol pour ne pas vouloir leur céder leurs propres frontières ? Ou pour quelle fierté de dirigeant qui ne veut rien céder faut-il encore faire la guerre ?

En Irak et Iran ils ont un territoire autonome mais en Syrie et Turquie ils sont encore en conflit pour obtenir une indépendance.

Chacun des jeunes avec qui nous parlons a au moins un parent proche décédé ou emprisonné à cause de cette guérilla.

En Turquie, les Kurdes sont donc un peuple sans vrai pays mais avec son drapeau, sa culture, ses traditions, qui malheureusement se perdent petit à petit…

La vie en communauté

Les gens vivent ici principalement de l’élevage de moutons et chèvres. Ils fabriquent leur fromage, leur pain et cultivent quelques légumes et pommes. Tout est réparti ensuite dans le village (telle famille fait le pain, telle autre les pommes… puis ils partagent/échangent).
Les jeunes regrettent le manque de loisirs et le faible niveau d’instruction, ils nous confient avoir bien du mal à trouver du travail. Ils rêvent de partir. Beaucoup nous disent “je voudrais partir en Europe, travailler un peu et revenir aider ma famille”. Mais reviendraient-ils vraiment ?
Nous avons remarqué de nombreuses coupures d’électricité ici alors qu’il n’y en avait nulle part ailleurs en Turquie. Certains Turcs nous avaient aussi dit de ne pas passer là-bas, qu’ils étaient dangereux… les dégâts des médias qui font croire ce qu’ils veulent.

Nous partons le cœur lourd après avoir passé 3 jours auprès de ces familles. Il est temps d’aller en Iran !