livres débordants sur le trottoir à tabriz

Ali, collectionneur de mots doux

Au hasard d’une rue, en sortant du bazar de Tabriz, nous nous faisons intercepter par un petit papi qui nous tend sa carte de visite. Je remarque sur la carte que c’est un réparateur de machine à coudre mais il nous aborde dans un très bon anglais, ce qui m’interpelle, voyant son âge et le fait qu’en Iran les gens que nous avons rencontré pour le moment parlent peu anglais.
Il nous explique qu’il aimerait qu’on le suive jusqu’à sa boutique un peu plus loin, pour signer ses carnets qu’il fait signer à tous les touristes qu’il croise. On aurait pu se méfier, on aurait pu se dire “ça sent l’attrape touriste” mais son sourire est si franc que nous acceptons (d’autant qu’il n’est pas vraiment menaçant du haut de son 1m60 et 70 ans).

Il nous emmène à quelques rues de là, dans une minuscule boutique, pleine de machines à coudre et pièces détachées du sol au plafond.
Deux petits tabourets, un joli bureau avec 16 tiroirs en bois remplis d’outils et pièces détachées.
Sur une étagère métallique, un alignement de 18 livres bleus, son précieux trésor : une collection de carnets, commencée il y a 4 ans, annotés de petits mots de tous les voyageurs qui sont passés ici. Chinois, Coréens, Français, Allemands, Espagnols, Danois… Il a plus de 200 signatures !

Quelques morceaux de vie échangés

Ali est un papi formidable, une merveilleuse rencontre. Il nous raconte un peu sa vie : il a débuté dans une boutique de réparation similaire à quelques pas de là quand il avait à peine 10 ans, c’est comme ça qu’il a appris le métier. Il y a quelques années il a décidé d’apprendre l’anglais pour pouvoir parler aux voyageurs qu’il voyait passer dans la rue et parce qu’il était agacé de ne pas comprendre les modes d’emplois en anglais de certains produits qu’il utilisait dans sa boutique. Il a commencé par lire les modes d’emplois des machines. Puis, à force de patience, en écoutant des musiques, en lisant et en se faisant des listes de mots, il a appris à parler anglais, et un très bon anglais ! Avec modestie il dit qu’il ne le parle pas bien mais nous pouvons parfaitement tenir une conversation.

Il nous offre le thé et nous échangeons quelques bribes de vie. Nous allons acheter quelques gâteaux et lui faisons la surprise de revenir. Nous passons finalement l’après midi dans la petite boutique.
Une magnifique rencontre, insolite et inattendue dans cette énorme ville.
Ali a un cœur en or et les yeux qui pétillent de plaisir dès qu’il voit un touriste, il s’empresse de l’inviter dans sa boutique pour simplement partager le thé et discuter. Si vous le croisez sur votre chemin, surtout ACCEPTEZ son invitation !

Au final, ce qui nous aura le plus marqué à Tabriz, au-delà de son gigantesque bazar dans lequel on se perd facilement, ce sera ces magnifiques rencontres que nous avons fait ! Et ce n’est que le début…